Sur de vastes espaces générés par l’érosion, à l’image du Cirque de Navacelles, en de très nombreux lieux, les mégalithes témoignent d’une présence humaine remontant à plus de 20 000 ans, laquelle est accompagnée de l’établissement des premiers hameaux édifiés par des pasteurs et des agriculteurs. Ce sont les prémices de l’agropastoralisme sur notre territoire, reconnu aujourd’hui par l’UNESCO.
Situés à la confluence du schiste, du granit et du calcaire, ces reliefs âpres et variés dominés par le Mont Aigoual (1567m), le « château d’eau des Cévennes », sont successivement habités par les Celtes puis les Romains qui y développent la culture de la vigne et de l’olivier et exploitent un sous-sol très riche en minerais (cuivre, plomb argentifère).
Les abbayes bénédictines de Saint-Victor-de-Marseille et de Saint-Guilhem-le-Désert étendent leurs possessions en Cévennes : les moines défrichent de nouveaux espaces de cultures, caladent les chemins et développent les plantations de châtaigniers, « l’arbre à pain » des cévenols.
Entre garrigue et haute montagne, face aux moines, deux grands seigneurs règnent sur ces territoires : le baron d’Hierle et celui de Roquefeuil, chacun faisant édifier des châteaux et des bourgs fortifiés (Roquedur, Esparon, Le Caladon, Aumessas, Montdardier ou Vissec) dont la plupart sont rasés à la suite de la croisade contre les albigeois (1208-1249).
Des villages se créent et grandissent, bois et forêts sont peu à peu remplacés par les cultures (oignons doux, pois chiches…) qui s’étagent aux flancs des montagnes, sur les traversiers. Des siècles durant, par un long et patient travail, l’homme va ainsi modeler la montagne.
Le Vigan et son territoire vivent des foires, du négoce et du travail de la laine : drap Vigan ou Petit-Lodève, bas, chapeaux…
Au XVIe siècle, le protestantisme trouve un terreau fertile en Cévennes partageant les populations entre catholiques et protestants. Des luttes fratricides s’ensuivent et se prolongent par intermittence jusqu’au début du XVIIIe siècle. La Révocation de l’Edit de Nantes (1685) contraint à l’exil des milliers de protestants.
Pour ceux qui restent, c’est une période de résistance, durant laquelle la religion se vit en secret ou « au désert », avec la menace des galères ou de l’emprisonnement.
L’esprit des Lumières dissipe peu à peu les intolérances. Les idées nouvelles arrivent en Cévennes portées par des partisans de la Grande Encyclopédie tels que l’écrivain Angliviel de la Beaumelle ou bien encore le comte Esterházy, confident de Marie-Antoinette.
Le Vigan est alors une petite capitale des Cévennes de l’Ouest, traversée par la route royale d’Aix à Montauban, dotée d’élégantes demeures, de magnaneries et de filatures qui racontent aujourd’hui encore l’épopée de la soie.
Le travail du fil de soie passe de l’artisanat à l’industrie, la qualité et la haute technicité des produits locaux (à l’image du Bas Lys des Bonneterie Brun d’Arre) ouvrent des débouchés dans le monde entier.
Aujourd’hui encore, au Vigan, les usines Well témoignent de cette longue tradition. A la fin du XIXe siècle, le territoire est bouleversé par la construction du chemin de fer (reliant d’abord Lunel au Vigan en 1874 puis se prolongeant jusqu’à Roquefort-Tournemire en 1896) et par le reboisement du massif de l’Aigoual conduit par le botaniste Charles Flahault et l’ingénieur forestier Georges Fabre.
Lors de la Seconde guerre mondiale, les Cévennes redeviennent un lieu de refuge, d’entraide et d’hospitalité pour les persécutés, fugitifs et maquisards : l’esprit de résistance y souffle toujours, rappelant le temps des persécutions religieuses.
Le Parc National des Cévennes est créé en 1973. Il permet la conservation de la de la biodiversité et des paysages, la valorisation du patrimoine culturel rural ainsi que la mise en œuvre d’un développement durable dans une zone de moyenne montagne allant du Mont Lozère à l’Aigoual, et des grands causses aux vallées cévenoles.
Chemins de randonnées ou de pèlerinage (chemin de Saint-Guilhem) et produits locaux comme le Pélardon ou l’oignon doux AOC contribuent à cet équilibre entre nature et tradition qui sont aujourd’hui la marque de ce territoire pluriel au caractère secret mais généreux.